Restauration et dorure d'une paire de colonnes sculptées XVIIème
La restauration et la dorure des colonnes sculptées nécessite l'intervention de nombreux artisans. En effet, l'un des enjeux de ce projet de restauration est de répliquer le chapiteau manquant. Pour cela, en concertation avec le client, nous réalisons le chapiteau par impression 3D. Vient ensuite la dorure à la feuille. L'innovation est totale pour ce projet hors du commun.
Tout d'abord, un diagnostique est posé:
- de nombreux motifs sculptés sont cassés ou manquants
- les colonnes sont encrassées
- la dorure sur les feuilles de vigne est terne
- on constate des traces de restaurations précédentes qui n'ont pas été correctement réalisées
- un des chapiteau a disparu
- les colonnes ne sont pas sur socle
Dans un premier temps, le travail de restauration de la dorure consiste en un décrassage des colonnes. On procède ensuite à la reconsolidation des éléments en bois. Il faut par ailleurs reconstituer des motifs sculptés manquants. Puis, une ré intégration chromatique est nécessaire pour masquer des traces d'anciennes restaurations. Enfin, des touches de dorure à la feuille sont réalisées sur les feuilles de vigne pour redonner de l'éclat à l'ensemble.
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Le travail de réplique du chapiteau est réalisé par un binôme d'artisans du digitale. Ils démarrent par un scan 3D du chapiteau existant, puis une fois modélisée, la pièce est re sculptée par ordinateur pour effacer les artefacts. L 'impression 3D est réalisée avec de l'ABS, un matériau adapté à l'impression de grande dimension. De nombreux essais sont nécessaires avant que l'impression ne soit efficaces.
Le challenge continue avec la réalisation de la patine sur ce matériaux hors du commun. Une fois les couches successives de teintes posées, la dorure à la feuille peut commencer.
Visuellement, la réplique est bluffante.
Réflexion autour de la réplique du chapiteau
L’un des chapiteau ayant disparu, il est nécessaire d’en réaliser une réplique. Plusieurs options sont envisagées:
- La réalisation d’un chapiteau en bois sculpté: envisager cette solution nous renvoie directement à la déontologie de la restauration. Il ne s’agit pas là de reconstituer un petit élément de la colonne, mais de répliquer 20% de l’objet. Vient alors la question de l’authenticité finale de l’objet. Pour quelle raison voudrait-on que le chapiteau soit en bois, est ce pour simuler une réplique parfaite, autant esthétiquement qu’intrinsèquement ? Jusqu’où est il possible de toucher l’oeuvre sans en atteindre l’intégrité. Ethiquement, cette solution ne nous semble pas la plus adaptée. Il semble plus opportun de faire le choix d’un matériau qui soit différent du bois.
- La réalisation d’un chapiteau en résine, par moulage: cette technique permet de reconstituer la pièce dans un matériaux différent du bois. Cependant, le protocole de conception du moule se heurte une fois de plus à la déontologie de restauration. En effet, le chapiteau original est entièrement doré et il comporte de nombreuses aspérités et moulures. La résine silicone de coulée, utilisée pour la fabrication du moule, pourrait alors s’infiltrer dans les aspérités, ce qui entraînerait des difficultés à la retirer. De plus, l’opération de démoulage pourrait engendrer des arrachements de la dorure. Cette solution est donc écartée.
- La réalisation d’un chapiteau par impression 3D: cette technique rassemble tous les critères, qu’ils soient esthétiques ou éthiques. La méthode n’est pas invasive et respecte l’intégrité du chapiteau d’origine. De plus, le matériau est suffisamment poreux pour être teinté et doré. La colonne retrouve visuellement son aspect d’origine, mais il n’y a dans cette démarche aucune volonté de faussaire…
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Toutes les interventions réalisées sont réversibles, et dans la mesure du possible, l'ensemble des matériaux d'origine est conservé. Les produits utilisés en atelier sont neutres pour le bois et non toxiques pour l'homme.
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